Vœux à la nation 2023 : Discours de Jean Ping du 31 décembre 2022

Publié le Par Gabon Matin - Mis à jour :

GabonMatin vous livre l’intégralité du discours des vœux à la nation de Jean Ping, prononcé ce 31 décembre 2022.

Gabonaises, Gabonais, Mes chers compatriotes,
Lors de mon adresse à la Nation, le 17 août 2022, j’ai rappelé avec gravité, que depuis août 2016, notre pays ne cesse de franchir tous les seuils sur l’échelle des risques.
Je m’adresse à vous aujourd’hui, en sachant mieux que personne, que chaque Gabonais est bien conscient du drame collectif que constitue l’état de destruction du Gabon.
Cette situation est vécue individuellement sous des formes diverses, de peur et de pauvreté extrême, d’incompréhension et de révolte.

Mes chers compatriotes,
Au moment où notre pays traverse les pires convulsions de son histoire, l’intérêt supérieur du Gabon commande de siffler la fin de ce drame et de lui consacrer mon message.

Mais je dois, à la vérité de dire que, par respect pour la grandeur et la souveraineté du peuple gabonais, je n’ai pas le cœur à vous souhaiter des vœux pieux.

Quelqu’un d’autre que moi, avec son cynisme naturel et sans limites, n’hésitera pas à vous adresser des vœux creux.

Pour ma part, je puis simplement vous encourager à vous porter le mieux possible dans ces conditions de vie inhumaines.

Car il reste nécessaire de puiser dans vos dernières ressources pour reprendre vie, individuellement et collectivement.

C’est le sens de mon serment d’aller jusqu’au bout de ce combat depuis que vous m’avez élu en 2016. C’est le sens de ce message.

Gabonaises, Gabonais,
La violation constante et permanente du vote et du choix fait par l’électorat gabonais, a atteint un point culminant avec l’élection présidentielle de 2016.

La tradition de la violence post-électorale propre à ce régime au pouvoir depuis plus de 50 ans a atteint un point de non-retour.
Nous partageons la conviction profonde que définitivement, face à ce régime, point d’élection qui vaille. La peine ne vaut de parler d’élection.

Je veux rappeler d’emblée que c’est ce que j’ai dit en février 2022 au micro de France 24. C’est ce que j’ai réaffirmé dans mon message du 17 août 2022.

Il n’y a pas d’élection digne de ce nom, aux yeux du peuple gabonais.
L’élection se définit au Gabon, depuis si longtemps, comme une succession de coups d’Etat. À la place de l’élection, il n’y a rien d’autre en perspective, chaque fois, qu’un nouveau coup d’Etat.
La recherche de la perfection du processus d’organisation des élections est louable, particulièrement au sein d’une démocratie et d’une république dignes de ce nom. À condition de ne pas oublier la leçon tant de fois apprise au terme des élections successives.
Il est en effet fondamental de comprendre que le problème réside dans le déni systématique de la vérité des urnes et la conservation du pouvoir par la force, quels que soient les résultats des urnes.
C’est, fort de cette longue expérience et des drames humains vécus que j’affirme que la vérité des urnes ne sera une réalité qu’avec la fin de ce système politique en place depuis plus de 50 ans.

Mes chers compatriotes,
Des élections de 2016 et de la mobilisation historique qui a été la vôtre, j’ai retenu le message de votre volonté définitive. Cette volonté vise à mettre un terme à cette habitude de repartir mécaniquement aux élections, conscients de se livrer à une nouvelle tuerie.
C’est la première raison pour laquelle 2016 marque notre histoire : ce n’est pas un épisode ordinaire. C’est un tournant historique qui commande le destin du Gabon. Plus jamais çà.

Mes chers compatriotes,

Je me tourne notamment vers l’Union Européenne, qui a supervisé les élections de 2016.
Dans son rapport, sans équivalent à ce jour, l’Union Européenne a posé les bases de la réforme électorale, en profondeur au Gabon.
Elle a adopté deux recommandations très claires en matière de recherche d’une sortie de la crise post-électorale au Gabon.
Je me tourne vers la France. Je me tourne vers l’Union Africaine et l’ONU.

L’Union Européenne, la France et d’autres partenaires bilatéraux, l’Union Africaine et l’ONU sont témoins de l’impasse dans laquelle se trouve le Gabon.

Partenaires avisés du Gabon, vous ne pouvez ignorer et mépriser la clairvoyance des enseignements que le peuple gabonais a tirés des élections, notamment en 2016.
Cette clairvoyance a évité au Gabon de basculer dans la guerre civile. Mais pour combien de temps encore ?

Mes chers compatriotes, Chers partenaires du Gabon,
Ce qui est grave, depuis les élections de 2016, c’est que jamais le Gabon ne s’est retrouvé dans un état de faillite de l’Etat, comme c’est le cas.
Jamais les crises et les errements passés n’ont vu un groupe d’individus mettre à sac, méthodiquement et avec une telle ampleur, l’Etat gabonais, ses finances publiques, son économie.
Jamais un groupe d’individus n’a violé à ce point les sceaux de la République. Jamais le Gabon n’a été mis à mal, dans ses institutions, son intégrité et son identité nationale, aussi ouvertement et sans vergogne.
Devant ce désastre inédit, des notables que j’ai reçus la veille de mon message à la nation, me supplient, les larmes aux yeux, d’avoir pitié du Gabon et de sauver le Gabon.
En termes simples et clairs, depuis les élections de 2016, le Gabon a basculé dans une ère sans précédent, une ère de désolation et de destruction, unanimement constatées.

Je laisse chacun imaginer la suite dans l’esprit humain, quand on a perdu toute dignité, comme le ressent le peuple gabonais.

La deuxième raison qui confère une portée historique à 2016 est le lourd tribut que le Gabon paye.

Le Gabon se meurt du fait de la confiscation forcenée du pouvoir par un homme et la bande dont il s’est entouré, au point d’échapper à tout contrôle et à toute raison. Tous sans légitimité, ni compétence.
Ces évolutions, qui ont lieu sous leur regard, interpellent avec gravité nos partenaires bilatéraux et multilatéraux. Car le péril menace le Gabon. Je dis, jamais çà.

Mes chers compatriotes,
Vous avez conféré la légitimité à un Président que vous avez élu et que j’incarne.
C’est la troisième raison pour laquelle 2016 est une date historique : vous m’avez conféré la légitimité avec une clarté et un élan de souveraineté rares, sinon uniques, dans l’histoire du Gabon.

Il y a dans ce constat la réponse à la question que l’ensemble du peuple gabonais se pose, celle du fondement et des moyens de mon arrivée au pouvoir.

Mon arrivée au pouvoir n’est et ne sera que justice rendue.
Mon arrivée au pouvoir est l’aboutissement de plus de six ans de lutte sous la forme d’une résistance.
Résistance au statuquo. Résistance aux paradigmes et à l’ordre anciens. Résistance à la fatalité des élections perdues d’avance. Résistance à l’oppression.
Résistance à une pérennité anormale, longue de plus de 50 ans. Résistance à la destruction du Gabon.
Mon arrivée au pouvoir est l’aboutissement de la diplomatie et de toute la hauteur, toute la noblesse des engagements et des garanties qui l’accompagnent, pour toutes les parties, pour que seul triomphe le Gabon.
2016 ne serait pas un fait historique aussi déterminant si la mobilisation, l’expression souveraine du peuple gabonais à cette occasion, ne constituaient pas depuis plus de six ans, l’exemple, le modèle par excellence d’un socle, d’un creuset qui rallie la République et la Nation.
Le socle posé en 2016, c’est la vérité des urnes.

Le socle, c’est cette expression de la volonté souveraine que le peuple gabonais défend depuis plus de 6 ans.
Depuis plus de 6 ans, le peuple gabonais de l’intérieur du pays. Depuis plus de 6 ans, le peuple gabonais de la diaspora. Plus de 6 ans de présence à la place du Trocadéro. C’est sans précédent.
Amis du Gabon, est-ce que vous le voyez ? Est-ce que vous l’entendez ? D’un côté les risques qui planent désormais sur le Gabon.
De l’autre côté, la perspective ouverte à laquelle le peuple gabonais reste attaché.
C’est la meilleure promesse que tient le peuple gabonais d’une nouvelle perspective à laquelle il a librement consenti.
En dépit des vicissitudes observées, c’est mon honneur et ma légitimité de voir que le peuple gabonais reste autour de moi.
Et le peuple gabonais presse pour ramener à moi, la classe politique.
En fait, tout nous ramène à un socle politique qui doit à chacune et à chacun, comme jamais auparavant. Un socle politique qui change le paradigme.

Mes chers compatriotes,
La diplomatie engagée ne pouvait être viable qu’à la condition de convaincre que nous étions déterminés, que nous étions constants, que l’expression souveraine du peuple gabonais était la voie pertinente, comme dans toute démocratie digne de ce nom.

Ayant été entendu tant à l’intérieur du Gabon qu’à l’extérieur, le peuple gabonais n’attend rien d’autre de moi que de prendre les charges de l’Etat.
Le peuple gabonais attend également de tous, les diplômés et de tous les serviteurs de l’Etat, de la société civile et de la classe politique, au nom de l’union sacrée.
Au nom de cette union sacrée, je suis allé, depuis mon discours de décembre 2018, dans le sens de l’exhortation au rassemblement sans cesse rappelée par le peuple gabonais.
Solennellement, je réitère que je veux et je dois rassembler pour la reconstruction du Gabon avec la force et l’élan d’un peuple gabonais, lui-même uni par l’expression souveraine des suffrages de 2016.
Ainsi rassemblé, le peuple gabonais ne peut plus être ignoré par tous ceux qui détiennent la clé du dénouement, ici et hors du Gabon.
Sur la foi de ce rassemblement, la nouvelle république dispose d’une assise, gage de crédibilité et de sortie d’une longue et coûteuse incertitude.
Avec le peuple gabonais, je suis prêt.

Mes chers compatriotes,
Portez-vous le mieux possible en ce début d’année dont les promesses dépendent et dépendront encore et toujours de nous-mêmes. La lutte exemplaire que le peuple gabonais mène, depuis plus de six ans est là, pour le rappeler au monde.

Vive le Gabon éternel, Vive la République,
Que les mânes de nos ancêtres veillent sur notre terre. Que Dieu bénisse notre pays.
Je vous remercie.

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