Neuf pays sur dix reculent en matière de développement humain, prévient un rapport de l’ONU
Le monde vacille de crise en crise, piégé dans un cycle de lutte contre les incendies et incapable de s’attaquer à l’origine des problèmes auxquels nous sommes confrontés. Sans un changement radical de cap, nous risquons d’avoir à supporter encore davantage de privations et d’injustices, prévient le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Le dernier Rapport sur le développement humain, intitulé « Temps incertains, vies bouleversées : façonner notre avenir dans un monde en mutation », a été publié jeudi par le PNUD . Il affirme qu’un ensemble d’incertitudes s’accumulent et interagissent pour perturber la vie de manière inédite.
Les deux dernières années ont eu un impact dévastateur pour des milliards de personnes dans le monde, lorsque des crises comme la COVID-19 et la guerre en Ukraine se sont succédé et ont interagi avec des changements sociaux et économiques radicaux, des changements planétaires dangereux et une aggravation de la polarisation.
Première baisse pendant 2 ans consécutifs en 32 ans
Pour la première fois depuis 32 ans que le PNUD calcule l’indice de développement humain (IDH), qui évalue la santé, l’éducation et le niveau de vie d’une nation, celui-ci a diminué mondialement pendant deux années consécutives. Le développement humain est retombé à ses niveaux de 2016, annulant ainsi une grande partie des progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable.
L’inversion est presque universelle, puisque plus de 90% des pays ont enregistré une baisse de leur IDH en 2020 ou 2021 et plus de 40% ont vu leur score chuter au cours de ces deux années, signalant que la crise continue de s’aggraver pour beaucoup.
Alors que certains pays commencent à se remettre sur pied, la reprise est inégale et partielle, creusant encore les inégalités en matière de développement humain. L’Amérique latine, les Caraïbes, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud ont été particulièrement touchées.
Besoin de solidarité mondiale
« Le monde cherche par tous les moyens à répondre aux crises consécutives. Nous avons vu avec le coût de la vie et les crises énergétiques que, s’il est tentant d’y apporter des solutions rapides comme les subventions aux combustibles fossiles, les tactiques de secours immédiats retardent les changements systémiques à long terme que nous devons apporter », déclare Achim Steiner, Administrateur du PNUD. « Nous sommes collectivement paralysés face à ces changements. Dans un monde défini par l’incertitude, nous avons besoin d’un sens renouvelé de la solidarité mondiale pour relever nos défis communs et interconnectés ».
Le rapport examine les raisons pour lesquelles le changement nécessaire ne se produit pas et suggère que les raisons en sont nombreuses, notamment la façon dont l’insécurité et la polarisation s’alimentent mutuellement aujourd’hui pour entraver la solidarité et l’action collective dont nous avons besoin pour faire face aux crises à tous les niveaux. De nouveaux calculs montrent, par exemple, que ceux qui se sentent le moins en sécurité sont également plus susceptibles d’avoir des opinions politiques extrêmes.
« Même avant que la COVID-19 ne frappe, nous étions témoins du double paradoxe du progrès associé à l’insécurité et à la polarisation. Aujourd’hui, avec un tiers des personnes dans le monde qui se sentent stressées et moins d’un tiers des personnes dans le monde qui font confiance aux autres, nous sommes confrontés à des obstacles majeurs freinant l’adoption de politiques qui fonctionnent pour les populations et la planète », explique Achim Steiner.
« Cette nouvelle analyse stimulante a pour objectif de nous aider à sortir de cette impasse et à suivre une nouvelle voie qui mettra fin à ces incertitudes mondiales actuelles. Nous avons un créneau étroit pour relancer nos systèmes et assurer un avenir fondé sur une action climatique décisive et de nouvelles opportunités pour tous », ajoute-t-il.
Préparer les sociétés aux aléas
Pour tracer une nouvelle voie, le rapport recommande de mettre en œuvre des politiques axées sur l’investissement — des énergies renouvelables à la préparation aux pandémies — et sur l’assurance — notamment la protection sociale — qui prépareront nos sociétés aux aléas d’un monde incertain. Parallèlement, l’innovation sous ses nombreuses formes (technologique, économique, culturelle) peut également renforcer les capacités pour répondre aux difficultés à venir.
« Pour traverser l’incertitude, nous devons redoubler d’efforts en matière de développement humain sans nous contenter d’améliorer la richesse ou la santé des personnes », déclare Pedro Conceição du PNUD, auteur principal du rapport. « Celles-ci sont bien sûr importantes. Mais nous devons également protéger la planète et fournir aux individus les outils dont ils ont besoin pour se sentir plus en sécurité, reprendre le contrôle de leur vie et conserver l’espoir dans l’avenir ».
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