Les 5 choses à savoir sur le Forum sur le financement du développement à New-York

Publié le Par La rédaction d’LBVnews - Mis à jour :

Alors que l’économie mondiale continue de souffrir d’une série de crises, des hauts responsables de l’ONU et des représentants gouvernementaux vont se retrouver au siège de l’ONU à New York, dans le but de transformer l’économie mondiale et de relancer le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Il y a tellement de conflits, de catastrophes humanitaires, d’événements météorologiques extrêmes et de bouleversements économiques dans le monde qu’un nouveau mot est utilisé pour décrire l’état actuel des choses : la « polycrise ».

Le mot est apparu en 2022, une année qui a commencé avec des espoirs timides que l’économie mondiale commencerait à se remettre de l’énorme perturbation de la pandémie de COVID-19, mais a rapidement été dominée par l’invasion russe de l’Ukraine.

Face à toutes ces crises concurrentes, de nombreux pays n’ont tout simplement pas les ressources nécessaires pour investir dans la reprise, l’action climatique et le développement durable.

C’est dans cet environnement difficile que se déroule le Forum 2023 sur le financement du développement (FfD) au siège des Nations Unies, du 17 au 20 avril, afin de faire avancer les politiques visant à résoudre les problèmes de développement mondiaux, de la dette écrasante au sous-développement, et l’insécurité alimentaire.

Voici cinq choses à savoir sur ce Forum.

1) Pourquoi le Forum de cette année est-il important ?

2023 s’annonce comme une année charnière pour le développement durable. Cette année marque le point médian entre 2015, qui a vu le lancement du Programme de développement durable, et 2030, date limite pour la réalisation des 17 objectifs de développement durable (ODD) de ce programme.

L’ONU prévoit de donner un nouvel élan à la réalisation des objectifs lors d’un important sommet sur les ODD en septembre. Cependant, aucun progrès ne sera réalisé sans un financement important.

En février, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a reconnu que les ODD étaient loin d’être sur la bonne voie et a lancé un plan de relance des ODD, qui appelle les pays les plus riches à canaliser 500 milliards de dollars supplémentaires chaque année pour financer les ODD. « Investir dans les ODD est à la fois sensé et faisable », a-t-il déclaré. « C’est une situation gagnant-gagnant pour le monde, car les taux de rendement social et économique du développement durable dans les pays en développement sont très élevés ».

Le plan de relance appelle également à une transformation du système financier international, afin de réduire le poids de la dette écrasante des pays en développement et de faciliter l’accès au financement. Faire de cette transformation une réalité sera à l’ordre du jour du Forum FfD de cette année.

2) Quels sont les principaux problèmes ?

Selon le rapport 2023 sur le financement du développement durable, le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë a doublé par rapport aux niveaux d’avant la pandémie (de 135 millions en 2019 à 345 millions en 2023). La guerre en Ukraine a entraîné une hausse des prix des denrées alimentaires, en hausse de 50% en 2022 par rapport à 2019.

L’industrialisation des pays les moins avancés et de nombreux pays africains ne progresse pas comme espéré : le Programme 2030 appelle à un doublement de la valeur ajoutée de l’industrie dans les pays africains d’ici la fin de la décennie. Cela signifie fabriquer et vendre plus de produits plutôt que de vendre les matières premières à d’autres pays.

De manière significative, la valeur ajoutée a en fait chuté d’environ 10% du PIB en 2000 à 9% en 2021.

Le remboursement de la dette entrave également les nations les plus pauvres : en 2022, 25 pays en développement ont dû consacrer plus d’un cinquième de leurs revenus totaux au service de la dette extérieure publique.

Et l’inégalité entre les sexes reste un gros frein au développement : dans 115 pays, les femmes ne peuvent pas diriger une entreprise de la même manière que les hommes.

3) Quelles solutions potentielles seront discutées ?

L’ordre du jour du Forum sera basé en grande partie sur les conclusions du rapport 2023 sur le financement du développement durable, publié le 5 avril, qui appelle à des systèmes fiscaux plus solides, à davantage d’investissements privés et publics pour le développement durable et à des réformes du système financier international pour permettre de générer davantage ressources.

Le rapport affirme également que des investissements massifs sont nécessaires de toute urgence pour accélérer les transformations dans des domaines tels que l’approvisionnement en électricité, l’industrie, l’agriculture, les transports et les bâtiments, afin d’instaurer une « nouvelle ère industrielle verte ».

L’industrialisation est souvent associée à la pollution et aux déchets, mais elle a toujours été un moteur de progrès.

L’« industrialisation verte » proposée dans le rapport implique de soutenir les industries à faible émission de carbone, y compris les sources d’énergie renouvelables telles que l’éolien et le solaire, l’économie numérique et le développement de politiques qui conduisent à l’investissement dans des activités durables, tout en réduisant l’impact environnemental négatif des industries.

Des signes positifs montrent que le message commence à passer : les dépenses mondiales consacrées à la transition énergétique ont atteint un niveau record de 1.100 milliards de dollars en 2022, dépassant pour la première fois les investissements dans les systèmes d’énergie fossile, et l’économie verte est devenue la cinquième plus importante secteur industriel en valeur marchande, 7.200 milliards de dollars en 2021.

4) Quels sont les risques de l’inaction ?

Le fossé entre les riches et les pauvres se creuse et, sans une refonte complète de l’économie mondiale, on s’attend à ce que 574 millions de personnes, soit près de 7% de la population mondiale, vivent encore dans l’extrême pauvreté en 2030.

Dans ce scénario , les besoins de financement extérieur des Pays les moins avancés (PMA) et des autres pays à faible revenu devraient passer de 172 milliards de dollars à 220 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années.

Parmi les recommandations figure un avertissement ; si les réformes proposées sont fragmentaires, incomplètes ou ne tiennent pas compte des ODD, le développement durable sera irréalisable, mettant le Programme 2030 et les objectifs climatiques hors de portée.

5) Qu’est-ce qui vient ensuite ?

Personne ne se fait d’illusion sur le fait que la tâche à accomplir est immense et les experts s’accordent à dire que le développement durable à long terme sera insaisissable dans des contextes où les crises humanitaires persistent. En fin de compte, les économistes de l’ONU souhaitent que le processus FfD conduise à une profonde réforme des institutions mondiales qui réponde mieux aux besoins immédiats des pays en développement.

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