Hello Ado, l’application de l’ONU qui accompagne les adolescents au Gabon

Publié le Par Gabon Matin - Mis à jour :

« Téléchargez l’application ! » C’est devant une foule de collégiens en pleine effervescence que Donz’er, le rappeur star de la jeunesse gabonaise qui compte plus de 86.000 fans sur Facebook, a scandé ces mots lors d’un concert organisé récemment pour le lancement de Hello Ado, une application smartphone gratuite et anonyme.

L’application a été développée par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture ( UNESCO ) et l’agence des Nations Unies chargée des questions de santé sexuelle et reproductive, l’UNFPA, en collaboration avec le Réseau africain de l’éducation, de la santé (RAES) et l’Alliance nationale des communautés pour la santé (ANCS).

Elle propose aux élèves des contenus éducatifs écrits, des podcasts, des vidéos et de nombreux articles sur différents thèmes tels que le VIH, les violences basées sur le genre auxquels les jeunes sont exposés.

Des chiffres préoccupants

" Au Gabon 17% des jeunes ont leur rapport non protégé avant l’âge de 15 ans. La prévalence du VIH chez les 15-24 ans est de 0,5% chez les garçons, contre 1,3 % chez les filles. Selon le Rapport Grossesses précoces en milieu scolaire au Gabon, plus d’une jeune femme sur 4 a donné naissance avant 18 ans. 34% d es décès chez les adolescentes sont dus aux grossesses. 57% des auteurs de ces grossesses sont des adultes  », a déclaré le Chef de Bureau, Représentant Résident de l’UNESCO au Gabon, Éric Voli Bi.

Il faut dire que la sexualité est un sujet encore tabou dans les familles, et ce, peu importe le niveau d’éducation. Pour Pauline, professionnelle de santé exerçant au CHU de Libreville : « C’est quand même un peu honteux de parler de sexe à son enfant ou à son petit enfant. On est un peu pudique. Ce n’est pas dans notre tradition de parler de sexe aux enfants  » .

Pour certains jeunes, c’est une question assez gênante, surtout lorsqu’ils se trouvent en face de leur parents ou enseignants : « En classe, c’est vraiment difficile, il y a la honte de demander devant les autres alors que l’application, elle est anonyme et on pourra poser n’importe quelle question  », a déclaré un jeune.

Pour une autre adolescente présente à la cérémonie : « Je veux l’avoir pour pouvoir poser des questions que je ne me permets pas de poser à mes parents  » .

C’est dans ce contexte alarmant que les ministères de la Santé et de l’Éducation Nationale, soutenus par les Nations Unies et le programme Gabon-Égalité, ont lancé cette plateforme numérique au sein du Lycée National Léon Mba.

« Cette application ne remplace pas l’interaction entre les générations. Elle vous apporte, chers élèves, des informations susceptibles de vous mettre à l’abris des risques en matière de violence et de santé », a déclaré la Première Dame du Gabon qui a tenu à participer au lancement de l’application, car, préoccupée par les fléaux qui touchent la jeunesse gabonaise.

En effet, toujours selon l’UNESCO, seuls 17% des élèves disent être informés sur la santé sexuelle reproductive par leur mère et seulement 1% d’entre eux disent l’être par leur père. « Cette application disponible facilement à travers mon smartphone peut me permettre de discuter de sujets qui sont tabous dans ma famille à cause de la religion », a dit une jeune élève.

Une caravane de sensibilisation nationale

« Harcèlement, parles-en  », « COVID-19, attention ce n’est pas fini  », « Violences sexuelles, je dis non !  », « Avoir un enfant, oui mais après mes études » et « VIH, stop !  » sont les messages que pouvaient lire les centaines de jeunes apprenants sur l’un des spots du lancement diffusé à leur endroit par les organisateurs de la manifestation.

« En plus du contenu éducatif, cette application est importante, car, grâce à la géolocalisation, elle peut nous permettre de nous orienter vers des structures d’aides et de soins, si l’on se sent en danger  », a confié un jeune apprenant du Lycée Léon Mba.

« Le gouvernement gabonais est fermement engagé contre le fléau des grossesses précoces. C’est pourquoi, la campagne Hello Ado se poursuivra par une caravane de sensibilisation organisée par le ministère de l’Éducation nationale, qui sillonnera tout le pays », a rappelé la ministre de l’Éducation Nationale, Camélia Ntoutoume Leclerc.

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