Afrique de l’Est : « Le pire est encore à venir », avertit le PAM face aux inondations

Publié le Par Gabon Matin - Mis à jour :

Des inondations dévastatrices menacent d’aggraver l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Est alors que de fortes pluies s’abattent sur une région qui, il y a moins d’un an, était en proie à la sécheresse, a mis en garde jeudi le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies.

« L’Afrique de l’Est est frappée par les extrêmes du changement climatique - de l’absence d’eau à l’excès d’eau, c’est la catastrophe. De graves inondations causent des ravages, illustrant la façon dont un climat erratique continue de punir la région. Alors que de nouvelles pluies sont prévues, je crains que le pire ne soit encore à venir  », a déclaré Michael Dunford, le Directeur régional du PAM pour l’Afrique de l’Est.

Les ravages du changement climatique

Le changement climatique continue de faire des ravages en Afrique de l’Est, une région dont les émissions de gaz à effet de serre sont minimes mais qui subit de plein fouet l’urgence climatique mondiale.

Cinq saisons des pluies consécutives « ratées », entre 2020 et 2022, ont entraîné une sécheresse dévastatrice qui a plongé des millions de personnes dans l’insécurité alimentaire et la malnutrition, les moyens de subsistance ayant été détruits à grande échelle - des dommages dont les familles et les communautés mettront de nombreuses années à se remettre.

Aujourd’hui, cette reprise naissante est balayée par les inondations.

Près de 3 millions de personnes touchées

Depuis le début des pluies d’octobre-décembre, des précipitations supérieures de 140% à la moyenne ont détruit des biens, des infrastructures et des cultures, et emporté le bétail. Des dizaines de personnes ont également perdu la vie.

Près de 3 millions de personnes ont été touchées, dont plus de 1,2 million ont dû quitter leur domicile.

La Somalie, l’Éthiopie et le Kenya sont les pays plus touchés par cette crise, suivis de près par le Soudan, le Soudan du Sud, le Burundi et l’Ouganda. Malheureusement, les pluies devraient persister jusqu’au début de l’année 2024.

Les initiatives d’anticipation portent leurs fruits

Le PAM a fourni une aide alimentaire et financière à près de 580.000 personnes touchées par les inondations dans la Corne de l’Afrique, en plus de celles qui ont bénéficié de ses opérations d’aide préexistantes.

En Somalie et au Burundi, le PAM a fourni une assistance anticipée à 230.000 personnes avant les inondations, notamment par le biais d’alertes précoces et de transferts d’argent.

Les gens ont pu utiliser ces informations et cet argent pour se préparer, soit en déménageant, soit en achetant des fournitures essentielles. De telles initiatives d’anticipation signifient que moins de personnes ont besoin d’une aide humanitaire après une catastrophe.

En Éthiopie, des pluies supérieures à la moyenne ont provoqué des inondations dans le sud et le sud-est du pays. On estime que 1,5 million de personnes ont été touchées dans les régions d’Afar, d’Amhara, de Gambella et d’Oromia. Dans la région Somali, l’une des régions éthiopiennes les plus touchées par l’insécurité alimentaire, plus de 1,1 million de personnes sont affectées par les inondations, dont plus de 400.000 personnes déplacées.

Rompre le cycle sans fin des crises

Le PAM soutient les gouvernements et les partenaires humanitaires en leur fournissant des services logistiques dans toute la région. Toutefois, l’ampleur de la crise exige un soutien plus important et une expansion de nos opérations.

« Nous travaillons activement à l’obtention de ressources supplémentaires pour atteindre jusqu’à 2 millions de personnes supplémentaires touchées par les inondations. Les besoins sont urgents et nous ne pouvons y parvenir seuls  », a ajouté M. Dunford.

Le Directeur régional du PAM a rappelé aux pays réunis à la Conférence sur le climat (COP28) qui se déroule à Dubaï qu’il est « particulièrement important que les pays développés prennent des mesures pour aider des pays comme la Somalie et l’Éthiopie, qui paient de manière disproportionnée le prix fort de la crise climatique ».

« Nous devons rompre le cycle sans fin des crises et réagir par une action climatique axée sur la préparation et la protection avant que les chocs prévisibles ne frappent  », a conclu M. Dunford.

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