Décriminaliser l’homosexualité est une question de santé pour tous selon l’ONUSIDA
Dans le monde entier, 67 pays criminalisent encore les rapports entre personnes du même sexe et cette pratique est passible de la peine de mort dans 10 États, et 20 pays criminalisent la diversité des genres, a regretté lundi l’ONUSIDA à l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie.
Dans un communiqué, l’ONUSIDA a souligné que ce type de lois nuit à la santé publique générale et coûte des vies. « On ne peut pas sous-estimer l’importance de décriminaliser l’homosexualité et la diversité des genres », a déclaré la Directrice exécutive adjointe de la branche Politiques, sensibilisation et connaissances de l’ONUSIDA, Christine Stegling. « La décriminalisation sauve des vies. C’est une étape cruciale vers l’égalité, la dignité et la santé pour toutes les personnes », a ajouté Mme Stegling.
La décriminalisation, un élément essentiel de la riposte au VIH
L’orientation sexuelle, l’identité et l’expression du genre sont diverses au sein de n’importe quelle culture. Les personnes LGBTQI+ font partie de chaque société dans chaque pays depuis la nuit des temps, mais cette communauté continue d’être marginalisée et exclue, que ce soit sur le plan juridique, culturel ou social ou une combinaison de tous ces aspects.
La criminalisation, ainsi que l’omniprésence de la discrimination et de la violence, empêchent les personnes LGBTQI+ d’accéder aux services vitaux. Dans un nombre croissant de cas, des milices autoproclamées ou la police harcèlent les soignants et soignantes qui fournissent des services vitaux à la communauté LGBTQI+.
Selon l’ONUSIDA, dans les pays où les rapports sexuels entre personnes du même sexe sont criminalisés, la prévalence du VIH est cinq fois plus élevée chez les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes que dans les pays où ce type de rapports n’est pas criminalisé. Ce risque est même 12 fois plus élevé lorsque des poursuites judiciaires ont été intentées récemment.
Reconnaissant que les lois pénales ont un impact néfaste sur la riposte au VIH, les États membres des Nations Unies se sont engagés à l’Assemblée générale de l’ONU dans la Déclaration politique sur le VIH 2021 à atteindre des objectifs ambitieux afin d’éliminer les textes qui compromettent la riposte au VIH et oublient les populations clés.
Comprenant que la décriminalisation est un élément essentiel de la riposte au VIH, les pays se sont engagés à ce qu’à l’horizon 2025, moins de 10% des pays aient des cadres juridiques et politiques punitifs qui affectent la riposte au VIH.
Des progrès encourageants
Nous observons une vague de progrès encourageants, a affirmé l’ONUSIDA, soulignant que l’année dernière, Antigua-et-Barbuda, Saint-Christophe-et-Niévès, Singapour, la Barbade et les îles Cook ont abrogé d’anciennes lois coloniales qui criminalisaient les relations entre personnes du même sexe. La Cour du Koweït a abrogé une loi qui criminalisait « l’imitation du sexe opposé ».
Le Brésil figure parmi les pays qui promeuvent les droits humains des personnes LGBTQI+. Dans le cadre d’un événement organisé pour la Journée le 17 mai, le ministre de la Santé et la ministre des Droits humains annonceront que le pays rejoint le Partenariat mondial pour l’élimination de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH . Cette manifestation mettra l’accent sur l’accès aux soins et à la justice pour les communautés transsexuelles et de genre divers.
Contrecourant organisé et financé
« Cependant, cette vague de progrès s’oppose au regain international d’une résistance bien financée et bien organisée qui cherche à essaimer les préjugés et à promouvoir de nouvelles lois contre l’homosexualité et les personnes trans, aussi discriminatoires que néfastes », a néanmoins averti l’ONUSIDA.
L’agence signale qu’« en cas d’entrée en vigueur, ces textes auraient des répercussions néfastes considérables sur la santé publique », empêchant les personnes LGBTQI+ d’accéder aux services de santé et le personnel de santé de fournir des services vitaux, y compris des services de prévention et de traitement du VIH.
« Il est vital pour la santé publique de mettre un frein à cette spirale négative », a maintenu l’ONUSIDA, appelant « tous les pays à supprimer les lois punitives et à lutter contre les préjugés visant les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées ».
« Un monde plus juste, équitable et bienveillant est plus sain, pour tout le monde », a fait valoir l’ONUSIDA a l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, qui a lieu chaque année le 17 mai.
Vos commentaires