Marie Madeleine Mborantsuo : bourreau ou héroïne du peuple gabonais ?
Le 30 août 2023, le Gabon fut enfin « libéré » de la mainmise de la famille Bongo, après 56 ans de règne sans partage. Pourtant, au milieu des félicitations et des espoirs de renouveau, une question reste en suspens : quel rôle a vraiment joué Marie Madeleine Mborantsuo, ex-présidente de la Cour constitutionnelle, dans cette saga ? Certains insinuent, avec un cynisme presque touchant, qu’elle serait une héroïne cachée de la libération. Pourtant, son palmarès ne plaide pas en sa faveur. Voici cinq raisons qui confirment qu’elle n’était en rien la sauveuse du Gabon, mais bien l’alliée d’une dynastie qui a saigné le pays.
1. Validatrice en chef des victoires éternelles
Durant ses trois décennies à la tête de la Cour constitutionnelle (1993-2023), Mborantsuo a su valider, avec un talent inégalé, toutes les élections qui ont miraculeusement vu triompher la famille Bongo. Avec une finesse juridique déconcertante, elle a toujours rejeté la faute sur les acteurs politiques et le peuple, insinuant que la prévention des fraudes n’était pas son affaire. En somme, elle jouait la gardienne officielle des « victoires » de son clan.
2. Maitresse d’Omar Bongo et belle-mère d’Ali Bongo
Ah, l’amour... Mais un amour si bien orchestré pour sceller une alliance politique et personnelle. Mborantsuo, en plus de ses fonctions publiques, fut l’une des nombreuses conquêtes d’Omar Bongo, avec qui elle a eu deux enfants. Cette relation lui a permis de solidifier sa position, tout en soutenant la pérennisation du pouvoir de son amant, puis de son beau-fils, Ali Bongo. Un conflit d’intérêts ? Sans doute, mais qu’importe quand la famille et les privilèges sont en jeu.
3. Négationniste des fraudes électorales
Avec une habileté rare, Mborantsuo a su transformer les cuisantes défaites électorales de ses proches en éclatantes victoires. Elle a toujours su brandir sa casquette de juriste pour étouffer les réclamations du peuple, fermant les yeux sur les fraudes massives orchestrées par le Parti démocratique gabonais (PDG). Sous son règne, les espoirs d’alternance n’étaient qu’une illusion soigneusement entretenue pour calmer les esprits... jusqu’au prochain coup de marteau électoral.
4. De reine de beauté à gardienne de la Constitution
Ne nous leurrons pas, Marie Madeleine Mborantsuo n’est pas née présidente de la Cour constitutionnelle. Avant de devenir l’une des femmes les plus influentes du pays, elle était surtout connue comme la reine de beauté du Haut-Ogooué. Ce n’est qu’après avoir attiré l’attention d’Omar Bongo qu’elle fut envoyée en France pour des études de droit, un parcours qui la mènera sans expérience notable à la tête de la Cour. Sa principale compétence ? La soumission à une dynastie, en interprétant la loi selon les besoins du pouvoir en place.
5. Jamais récusée, toujours engagée
Malgré ses liens familiaux évidents avec la famille Bongo, Mborantsuo n’a jamais trouvé bon de se récuser lors des contentieux électoraux impliquant ses proches. Non, elle a toujours clamé qu’elle agissait au nom du peuple gabonais, validant des « victoires » qui étaient tout sauf populaires. Pour elle, le bien-être de ses enfants et de ses alliés passait toujours avant celui de la nation. Une récusation aurait été un acte d’honneur, mais cela, manifestement, ne faisait pas partie de son programme.
Ainsi, ceux qui cherchent à présenter Marie Madeleine Mborantsuo comme une héroïne de la transition gabonaise devraient sans doute revoir leur copie. Pour les Gabonais, elle reste celle qui a assuré la survie politique d’une dynastie au détriment de l’avenir de tout un peuple.
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