Soudan du Sud : l’aide humanitaire suspendue ou réduite en raison d’un déficit de financement

Publié le Par Gabon Matin - Mis à jour :

Les opérations humanitaires au Soudan du Sud ont été suspendues, réduites ou seront interrompues si la situation financière ne s’améliore pas, ont alerté lundi les Nations Unies, soulignant que les besoins de financement urgents augmentent alors que de multiples chocs interconnectés affectent la population sud-soudanaise.

Selon l’ONU, plus de 400 millions de dollars américains sont nécessaires de toute urgence pour fournir des services humanitaires minimums afin de répondre aux besoins immédiats de la population. Si ces lacunes de financement ne sont pas comblées urgemment, des millions de personnes parmi les plus vulnérables risquent de ne plus avoir accès à l’aide humanitaire vitale et à la protection.

« Le contexte humanitaire au Soudan du Sud est décourageant, dans un état jamais vu. Tout manque, y compris la protection des femmes et des filles, la nourriture, la nutrition et les abris. Plus de 2 millions de personnes sont déplacées et l’absence de financement signifie que ceux se trouvant dans des camps pourraient se retrouver dans un besoin critique d’eau, d’assainissement et d’hygiène, ainsi que de services de santé  », a déclaré dans un communiqué Sara Beysolow Nyanti, Coordinatrice humanitaire des Nations Unies pour le Soudan du Sud, prévenant que « le manque de sûreté et de sécurité ne fera qu’aggraver ces risques ».

Près de 9 millions de personnes ont besoin d’aide et de protection

Alors que « les ressources ont diminué, mais pas les vies  », quelque 8,9 millions de personnes, soit plus des deux tiers de la population, auront besoin d’une aide humanitaire et d’une protection cette année. 1,7 milliard de dollars sont réclamés pour le plan de réponse humanitaire, dans l’objectif de cibler 6,8 millions de personnes avec une aide vitale et des services de protection.

Actuellement, le plan d’intervention humanitaire n’est financé qu’à hauteur de 27 %, dont près de 14 % par le Fonds central d’intervention d’urgence et le Fonds humanitaire pour le Soudan du Sud, gérés par l’ OCHA . « Avec de tels déficits de financement, les personnes vulnérables souffrent davantage et les partenaires humanitaires sont contraints d’établir des priorités, en faisant des choix déchirants entre des besoins graves », a ajouté Mme Nyanti.

Pendant plus d’une décennie, la population sud-soudanaise a été confrontée à de multiples crises. Selon l’ONU, la vie des gens a été brisée par « des années de conflit, d’instabilité sociale et politique, de chocs climatiques sans précédent, de violence permanente, de déplacements fréquents, de l’impact de la pandémie de Covid-19, d’insécurité alimentaire et de multiples épidémies  ».

Le PAM a suspendu en juin l’aide alimentaire à 1,7 million de personnes

Le déficit de financement concerne toutes les interventions humanitaires dans le pays et de graves conséquences sont probables si un financement urgent n’est pas assuré. Le manque de financement pour le soutien nutritionnel laissera immédiatement 127.000 enfants et 115.000 femmes enceintes ou allaitantes sans services de traitement essentiels.

De plus, l’interruption de la sécurité alimentaire et des moyens de subsistance touchera près de deux millions de personnes. En raison du manque de financement, le Programme alimentaire mondial ( PAM ) a d’ailleurs suspendu l’aide alimentaire à 1,7 million de personnes en juin.

Le PAM avait prévu de fournir une aide alimentaire à 6,2 millions de personnes en 2022. Pour les six prochains mois, l’Agence onusienne a besoin de 426 millions de dollars pour être en mesure de nourrir 6 millions de personnes.

Dans le domaine de l’éducation, le manque de financement fera que 700.000 garçons et filles vulnérables n’auront pas accès à des espaces d’apprentissage sûrs et augmentera le nombre d’abandons scolaires. Ce qui risque d’entraîner la déscolarisation de 3,5 millions d’enfants, selon l’ONU.

Quatre travailleurs humanitaires tués depuis le début de l’année

Par ailleurs, près de 1,9 million de personnes n’auront pas accès à l’eau potable, à l’assainissement et aux services d’hygiène si les fonds ne sont pas augmentés. Par conséquent, les maladies risquent d’augmenter, ce qui fera peser une charge accrue sur les établissements de santé et entraînera une hausse de la malnutrition.

La récente réduction du financement des interventions sanitaires a d’ores et déjà eu un impact direct sur 220 unités de soins de santé primaires et neuf hôpitaux publics. Ces infrastructures sanitaires risquent d’être contraints d’interrompre leurs services à partir du mois d’août. 2,5 millions de personnes, dont l’état de santé est déjà vulnérable, n’auront pas accès aux services de santé.

« Nous ne pouvons pas abandonner car le coût de l’inaction est trop élevé, et les personnes dans le besoin ne peuvent pas se permettre de payer ce prix. Nous avons besoin de fonds de toute urgence et nous appelons le monde à ne pas oublier les plus vulnérables au Soudan du Sud », a insisté Mme Nyanti.

Le Soudan du Sud est l’un des endroits les plus dangereux pour les travailleurs humanitaires, avec 319 incidents violents signalés en 2021 visant le personnel et les biens humanitaires, dont 5 travailleurs humanitaires tués. Depuis le début de l’année 2022, quatre travailleurs humanitaires ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions.

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