Burkina Faso : l’ONU réclame une enquête sur le massacre de 150 civils
Le Bureau des droits de l’homme de l’ONU a demandé, mardi, une reddition des comptes et l’ouverture d’une enquête sur le récent massacre de civils au Burkina Faso par des paramilitaires du groupe des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), au cours duquel au moins 150 personnes ont été tuées par balles.
Selon les services du Haut-Commissaire Volker Türk, un groupe d’hommes armés appartenant à ce groupe a encerclé le jeudi 20 avril dernier le village de Karma, dans la province du Yatenga, dans le nord du pays, et a tiré au hasard sur la population.
Après avoir commis ces meurtres, des hommes armés en uniforme, qui seraient des membres des forces de défense et de sécurité accompagnés d’auxiliaires paramilitaires connus sous le nom de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), ont pillé des maisons, des magasins et des mosquées.
« Des sources de la ville voisine de Ouahigouya ont rapporté avoir entendu des coups de feu à 7 heures du matin le 20 avril, trois heures après avoir vu des hommes en tenue militaire sur des véhicules et des motos se diriger vers Karma », a affirmé lors du point de presse hebdomadaire de l’ONU à Genève, la porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme ( HCDH ), Ravina Shamdasani.
Le 23 avril, le Procureur de la République de Ouahigouya a annoncé que 60 personnes avaient été tuées et qu’une enquête sur l’attaque était en cours, mais pour l’ONU, cette enquête doit être rapide, approfondie, indépendante et impartiale et doit « déboucher sur des poursuites crédibles, si l’on veut mettre fin à ces violations flagrantes ».
Autre massacre
Selon Mme Shamdasani, les assaillants ont accusé les habitants de Karma d’abriter plusieurs membres de l’organisation terroriste Jamaat Nusrat al-Islam wal, affilié au groupe « État islamique ».
En outre, le massacre a eu lieu quelques jours après l’assassinat de huit soldats et de 32 paramilitaires du VDP dans une base militaire voisine. Les Nations Unies ont appelé toutes les parties belligérantes au Burkina Faso à respecter le droit humanitaire international et à ne pas attaquer les civils.
« Le fait de prendre délibérément pour cible des civils ou des personnes qui ne participent pas directement aux hostilités constitue un crime de guerre », a fait valoir la porte-parole du Bureau des droits de l’homme de l’ONU.
Au cours des derniers mois, les forces armées du pays et le PDV ont mené des attaques dans d’autres villages du Burkina Faso, faisant plus de 70 morts, selon les estimations de l’ONU. C’est le cas le 9 novembre dernier, quand au moins 50 civils ont été tués lorsque des membres présumés du 14e régiment ont attaqué quatre villages près de la ville de Djibo, dans la province de Soum.
Lors d’un autre incident, au moins 28 personnes ont été tuées dans la ville de Nouna, dans la province de Kossi, les 30 et 31 décembre. « Les autorités ont annoncé l’ouverture d’une enquête », a conclu Mme Shamdasani, exhortant Ouagadougou de publier les résultats de ces enquêtes.
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