Crise au Soudan : 5 régions frappées par la famine, plus de 17 autres sont menacées
Quatre mois après avoir confirmé pour la première fois la famine dans le camp de Zamzam, dans l’Etat du Darfour Nord, au Soudan, d’autres zones du Darfour Nord et des monts Nouba occidentaux ont été reconnues en situation de famine, alors que l’accès à la nourriture et à la nutrition pour des millions de personnes à travers le pays continue de se détériorer, ont averti mardi le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et l’UNICEF.
� Une famine prolongée s’installe au Soudan » , a averti Jean-Martin Bauer, Directeur de l’analyse de la sécurité alimentaire et de la nutrition au PAM .
« Les populations ne cessent de s’affaiblir et de mourir car elles n’ont eu que peu ou pas d’accès à la nourriture depuis des mois et des mois. Le PAM fait tout ce qui est possible pour assurer un flux régulier et constant d’aide alimentaire vers les régions les plus affamées et les plus difficiles d’accès du Soudan », a indiqué M. Bauer.
5 régions touchées, plus de 17 à risque
Le dernier rapport du Comité d’examen de la famine (CEF)* et les nouvelles projections de la classification intégrée de la phase de sécurité alimentaire (IPC)* désignent la famine dans au moins cinq régions du Soudan à partir de données fiables – citant les camps de Zamzam, Abu Shouk et Al Salam au Darfour Nord, et dans les Monts Nouba occidentaux pour les résidents et les personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI).
La famine est attendue dans cinq autres régions entre décembre 2024 et mai 2025 : Um Kadadah, Melit, El Fasher, At Tawisha et Al Lait au Darfour-Nord.
Le rapport souligne également le risque de famine dans 17 autres régions au cours de la même période.
Le conflit, moteur de l’insécurité alimentaire
Plus de 24,6 millions de personnes au Soudan, soit plus de la moitié de la population analysée, connaissent actuellement des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë (phase 3 de l’IPC ou plus), dont 8,1 millions en situation d’urgence (phase 4 de l’IPC) et au moins 638.000 personnes en phase 5 de l’IPC (situation catastrophique).
Ces résultats marquent une aggravation alarmante de la faim et de la malnutrition au cours de la saison des récoltes, où les disponibilités alimentaires devraient être les plus importantes.
Le classement par la FRC d’une augmentation de la faim au cours d’une telle saison indique que la récolte ne parvient pas à atteindre tout le monde, en raison de la poursuite du conflit qui entrave les marchés et la circulation des marchandises.
Des millions de vies menacées
En l’absence d’un accès humanitaire immédiat et sans entrave et d’une aide internationale urgente, la famine risque de s’étendre davantage en 2025, menaçant la vie de millions de personnes, principalement des enfants, et exacerbant ce qui est déjà l’une des crises alimentaires les plus graves au monde.
Les conflits, le déplacement des populations et la restriction de l’accès à l’aide humanitaire restent les principaux facteurs à l’origine de cette crise.
Dans le camp de Zamzam, au Darfour Nord, où la famine a été confirmée pour la première fois en août 2024, la situation reste critique malgré quelques livraisons d’aide alimentaire humanitaire. La violence persistante et les difficultés économiques ont perturbé les marchés, déplacé des millions de personnes et porté les prix des produits de base à des niveaux inabordables pour la plupart des habitants.
Une intervention urgente est essentielle
La prochaine vague de famine devrait commencer bien avant la prochaine saison des pluies – la période entre les récoltes où l’insécurité alimentaire augmente généralement – et l’accès humanitaire se heurte à la fois à des blocages provoqués par l’homme et à des problèmes logistiques.
Il est essentiel d’agir immédiatement pour préparer des stocks d’approvisionnement afin d’éviter des souffrances humaines d’une ampleur sans précédent.
Par ailleurs, les zones de conflit intense, y compris certaines parties de Khartoum et d’Al Jazeera, pourraient déjà souffrir de la famine (phase 5 de l’IPC). Toutefois, l’absence de données fiables ou récentes dans ces régions ne permet pas de le confirmer. Il est donc urgent de procéder à de nouvelles évaluations pour confirmer l’ampleur de la crise et fournir l’aide humanitaire requise d’urgence.
Les agences demandent urgemment à la communauté internationale de prioriser le financement des efforts humanitaires et d’utiliser la voie diplomatique pour obtenir un cessez-le-feu et un accès sans entrave.
Il est impératif que toutes les parties au conflit garantissent un accès sûr, immédiat et sans entrave aux zones classées en phase 3 de l’IPC et au-delà. Sans une action immédiate, la crise soudanaise menace de s’aggraver encore en 2025, exposant des millions de personnes au danger
Permettre l’accès humanitaire immédiat et mettre fin aux hostilités
Le Directeur de l’analyse de la sécurité alimentaire et de la nutrition au PAM affirme que le Programme adapte constamment ses opérations « en fonction de l’évolution du conflit, en apportant notre aide là où nous le pouvons et quand nous le pouvons ».
Il signale toutefois que « les avancées opérationnelles récentes sont limitées, car la situation sur le terrain est instable et dangereuse ».
L’ UNICEF souligne que « le conflit en cours, les déplacements incessants et les épidémies récurrentes ont créé un terrain propice à la malnutrition au Soudan » .
Selon la Directrice des opérations d’urgence de l’UNICEF, Lucia Elmi, des millions de jeunes vies sont en jeu.
« La livraison d’aliments thérapeutiques, d’eau et de médicaments peut contribuer à freiner la crise alimentaire en cours, mais nous avons besoin d’un accès sûr, durable et sans entrave pour atteindre les enfants les plus vulnérables et sauver des vies », fait valoir Mme Elmi.
Les deux agences poursuivent l’intensification de leur intervention humanitaire au Soudan, en se concentrant sur les zones à haut risque avec des interventions intégrées dans les domaines de la santé, de la nutrition, de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène (WASH), de la protection sociale et de la sécurité alimentaire.
Le PAM et l’UNICEF demandent un accès humanitaire immédiat et une intervention pour éviter ce qui risque de devenir la pire crise alimentaire de l’histoire récente.
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