Gabon : Armé et « riche », un Français défie les autorités et séquestre 14 familles

Publié le Par Anna Bibang - Mis à jour :

Un climat de peur et d’indignation s’est installé depuis plusieurs semaines dans le quartier d’Igoumié, à Owendo. En cause : un ressortissant français, François Fabre, qui se présente lui-même comme « riche et puissant ». Cet homme a muré une servitude de passage, coupant l’unique voie d’accès à quatorze habitations et retenant de fait plusieurs familles prisonnières dans leurs propres domiciles.

Selon les habitants, François Fabre a entrepris de fermer cette voie commune sans aucune autorisation administrative. Il aurait même, d’après plusieurs témoignages, déplacé une borne cadastrale avec la complicité présumée d’agents de l’Agence nationale de l’urbanisme, des travaux topographiques et du cadastre (ANUTTC), afin d’étendre illégalement son domaine. Une situation qualifiée d’«  inacceptable » par des riverains excédés, contraints d’emprunter des passages dangereux ou de rester cloîtrés.

Menaces et intimidations à répétition

Les témoignages concordent : l’homme, armé d’un fusil de chasse de calibre 12, n’hésiterait pas à menacer quiconque s’oppose à ses agissements. « Il nous a traités d’animaux et a pointé son arme sur nous  », raconte Hugues Lawson Ovenga, l’un des habitants séquestrés. Les autorités locales, la gendarmerie et les agents municipaux, alertés à plusieurs reprises, ont tenté d’intervenir sans succès. « Il a chassé tout le monde, même les forces de l’ordre, et a arraché le matériel des agents  », poursuit M. Ovenga.

Malgré les convocations adressées et la suspension des travaux prononcée par la mairie, François Fabre poursuit ses activités de construction, défiant ouvertement les injonctions administratives. Il aurait déclaré « ne rien craindre », laissant planer le doute sur d’éventuelles protections dont il bénéficierait. Les habitants s’interrogent sur l’inaction de la justice et des forces de sécurité face à un acte qui viole clairement les droits de propriété et de libre circulation.

Un quartier pris au piège

Les quatorze familles concernées vivent désormais recluses, incapables de sortir librement de leurs maisons. Les enfants ne peuvent plus se rendre à l’école sans aide extérieure, et les véhicules d’urgence ne peuvent accéder au site. « C’est comme si nous étions prisonniers chez nous », déplore une mère de famille, visiblement épuisée par la situation.

Face à ce blocage, les riverains lancent un appel solennel à la justice gabonaise, mais aussi au président Brice Clotaire Oligui Nguema, afin qu’il fasse respecter la loi et mette fin à cette dérive. « Nous voulons simplement circuler librement », martèlent-ils. Pour eux, cette affaire dépasse le simple conflit de voisinage : elle symbolise « l’arrogance de l’impunité  » et «  le mépris des institutions ».

La mairie d’Owendo, pour sa part, se dit « déterminée à faire appliquer les décisions administratives  ». Mais tant que le mur illégal subsiste et que la gendarmerie n’intervient pas, le quartier d’Igoumié reste otage d’un homme qui se croit au-dessus des lois.

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