RDC : Un frémissement diplomatique après des mois d’enlisement

Après la déception provoquée par la poursuite des combats dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), en dépit d’un accord de cessez-le-feu conclu en juillet, une nouvelle lueur d’espoir est apparue mardi avec la signature, à Doha, d’un mécanisme de suivi entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23.
Ce texte, signé sous médiation qatarie, marque une tentative de relancer un processus de paix en panne malgré la signature d’une série d’accords durant l’été, alors que sur le terrain, la guerre continue de dévorer les provinces de l’est du pays.
Depuis le lancement d’une offensive éclair, en janvier, le M23, un groupe de défense des intérêts de la minorité tutsie congolaise, a consolidé son contrôle sur une portion stratégique du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où il s’est emparé successivement de Goma puis de Bukavu, les deux principales métropoles régionales. Des centaines de milliers de civils ont fui, les camps débordent, les routes sont coupées : la paix semble plus lointaine que jamais.
Washington et Doha, deux chemins vers la paix
C’est dans ce contexte d’épuisement que les diplomates ont voulu croire, à Doha, à un sursaut. L’accord, qui bénéficie du soutien des États-Unis et de l’Union africaine (UA), vise à garantir le respect du cessez-le-feu conclu le 19 juillet entre Kinshasa et le M23, toujours dans la capitale qatarie, sous forme d’une déclaration de principes. Cette dernière avait été suivie d’un échange de prisonniers en septembre. Mais les discussions s’étaient vite figées, chaque camp accusant l’autre de mauvaise foi. Le mécanisme conjoint de vérification créé mardi entend surmonter ces blocages, en établissant un suivi concret du cessez-le-feu et des engagements pris.
La mission de maintien de la paix des Nations Unies en RDC ( MONUSCO ) a salué « le sens de la coopération et de l’engagement mutuel démontré par les parties » et souligné « l’importance d’une participation constructive pour rétablir une paix durable ». Elle appelle désormais la société civile, les chefs religieux et les médias congolais à amplifier « les messages de paix, de réconciliation et d’espoir ».
Au processus de Doha, qui place les rebelles au cœur des discussions de paix, vient s’ajouter une initiative parallèle pour tenter d’enrayer la spirale régionale : l’accord de Washington, conclu le 27 juin sous médiation américaine. Il s’agit d’un cessez-le-feu bilatéral entre la RDC et le Rwanda, que Kinshasa accuse de soutenir le M23.
Un équilibre régional au bord du gouffre
L’avancée de Doha est intervenue au lendemain d’une réunion du Conseil de sécurité sur la question, durant laquelle Xia Huang, l’envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la région des Grands Lacs, a tiré la sonnette d’alarme : « Le cessez-le-feu convenu n’est pas respecté », a-t-il déploré, avertissant que le conflit « risque un embrasement régional ».
Derrière les luttes d’influence et les activités des groupes armés en RDC, se joue en réalité le contrôle des ressources naturelles – or, coltan, cobalt – dont regorge le sous-sol de l’est congolais. Leur exploitation illégale, alimentée par des milices et des réseaux transfrontaliers, finance la poursuite du conflit.
« Il ne peut y avoir de paix durable sans un traitement sérieux des causes profondes et structurelles du conflit », a rappelé M. Huang, plaidant pour une meilleure traçabilité et une plus grande transparence des chaînes d’approvisionnement régionales.
Le pari d’une paix inclusive
Pour Xia Huang, la voie à suivre est claire : une médiation africaine unifiée et efficace, un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, et une volonté politique réelle des États voisins de dialoguer franchement. « Toutes nos actions, toutes nos résolutions ne pourront pas avoir d’effet sur le terrain si les parties elles-mêmes ne sont pas prêtes à faire la paix », a-t-il mis en garde.
De ce point de vue, le mécanisme qui a vu le jour mardi à Doha, quoique fragile, est un pas dans la bonne direction.
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